Souvenirs de sable

Alors que la dernière tempête de l’année, Fabien, est passée sur nos côtes, et que nous avions le temps de passer faire un tour, nous sommes allés en famille voir les plages de notre enfance.

Quel ne fut pas notre étonnement à la vue de ce que nous avions pourtant lu dans les journaux.

Cet été, par le chemin d’accès à la plage (photo du centre), nous avions encore un trentaine de mètres à faire avant d’accéder au Graal, avec serviettes et maillots.

Cette plage a complètement disparu, les dunes aussi, et les arbres suivront sans doute bientôt pour ceux en bordure d’eau, l’eau de mer aura raison d’eux, si ce n’est un autre coup de vent.

Il faut bien comprendre ce que ça veut dire, et pour ça il faut prendre un petit peu de hauteur, sur les quelques dunes restant encore debout.

Dans cette nouvelle crique, vous n’aviez que dunes de sable et arbres. La crique en question n’existait pas il y a encore quelques semaines.

Un morceau d’une dune est encore debout, sans doute pas pour très longtemps encore.

Cette pointe était partie intégrante de la plage, aujourd’hui elle est juste une pointe de sable qui avance dans l’océan.

L’eau a avancé très loin dans certains endroits, elle est entrée dans la forêt, à des dizaines de mètres à l’intérieur, et il reste encore non seulement les traces, très reconnaissables, mais aussi de l’eau de mer pas encore absorbée.

C’est tout un pan d’une vie qui a été effacé en quelques semaines de vents forts et parfois très violents, en même temps que ce sable a disparu, que la forêt a été rognée.

Ce panneau marquait normalement la fin d’un chemin à travers la dune, donnant accès à la plage. C’est presque symbolique comme vision, la preuve que quoiqu’il fasse, l’humain ne peut rien contre la force des éléments. Ce panneau n’est pas cassé, brisé ou détruit, il a simplement été sorti de son emplacement par les éléments, et finalement est tombé là, intact.

Reste-t-il une plage alors ?

Oui, il semble qu’il reste une « plage », mais dans quel état…

Le sable est jonché de débris de bois, mais il y a une plage.

Et dans l’absolu, il faudrait presque la laisser telle-quelle, car ces débris, essentiellement du bois (mais aussi un tas de plastique rejeté par l’océan), vont retenir le sable. C’est d’ailleurs ce qui avait été fait lorsque les dunes étaient encore là, des débris de bois qui retenait le sable par grands vents.

La forêt est donc désormais au contact de l’océan, sans dunes protectrices et dans l’attente des prochains coups de vents violents, ou d’une grande marée qui rien n’arrêtera à son entrée dans la forêt.

Tout ceci donne un nouveau paysage, avec une plage réduite, et des souvenirs plein la tête d’une plage qui n’existe désormais plus, et n’existera sans doute plus jamais. C’est un choc, immense mais prévisible tant nous sommes tous, nous les humains, si présomptueux à croire que nous pouvons vaincre les éléments là où nous sommes de la taille d’une fourmi face à eux.

Pour finir, nous sommes entrés de nouveau dans cette forêt pour revenir chez nous, doucement, comme si nous avions laissé quelque chose de nous sur cette côte, quelque chose que jamais nous ne reverrions…

L’érosion existe, elle a toujours existé, et elle existera toujours, mais je crois profondément que nous avons une responsabilité dans ce qui arrive, dans la force avec laquelle ça arrive, et ça me désole.

Ce n’est pas la seule plage qui a du souffrir, c’est sûr, mais celle-ci, c’était un peu la mienne, elle m’a vu enfant, très jeune et jusqu’à l’an dernier, presque un demi-siècle que l’on se connaît elle et moi, et la voir partir ainsi, inévitablement ça me touche.

Je voulais juste partager ce moment, pas fameux ni glorieux, juste un moment dans une vie, comme il en existe des tas, mais surtout un moment particulier, un moment inoubliable, quoiqu’il arrive.

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